Charron pensait de même lorsqu'il adressait à la conscience cette apostrophe si originale et si pénétrante: « Que vas-tu chercher ailleurs loi ou règle au monde! Que te peut-on dire ou alléguer que tu n'aies chez toi ou au-dedans, si tu te voulais tâter et écouter! Il te faut dire comme au payeur de mauvaise foi qui demande qu'on lui montre la cédule qu'il a chez lui: Quod petis intus habes; tu demandes ce que tu as dans ton sein. Toutes les tables de droit, et les deux de Moïse, et les douze des Grecs (des Romains), et toutes les bonnes lois du monde, ne sont que des copies et des extraits produits en jugement contre toi, qui tiens caché l'original, et feins ne savoir ce que c'est; étouffant tant que tu peux cette lumière qui t'éclaire au-dedans, mais qui n'ont jamais été au-dehors, et humainement publiées que pour celle qui était au-dedans toute céleste et divine, a été par trop méprisée et oubliée. » (De la Sagesse, liv. II, chap. III, no. 4.)
On peut observer en passant que le dernier mot de Platon, ce qui commande précède ce qui est commandé, efface la maxime si fameuse sur nos théâtres:
Le premier qui fut roi fut un soldat heureux.L'expression même employée par Voltaire se moque de lui, car le premier SOLDAT fut SOLDÉ par un roi.
Tangere enim et tangi nisi corpus nulla potest res.(Lucr. de R. N., l. 305.)
Le docteur Robinson, savant éditeur de Black, s'est justement moqué des chimistes-mécaniciens (les plus ridicules des hommes), qui ont voulu transporter dans leur science ces rêves de Lucrèce. Ainsi, dit-il, si la chaleur est produite dans quelques solutions chimiques, c'est, disent les mécaniciens, par l'effet du frottement et du choc des différentes particules qui entrent en solution; mais si l'on mêle de la neige et du sel, ces mêmes chocs et ces mêmes frottements produisent un froid aigu, etc. (Black's lectures on chemistry, in-4o, tom. I, on heat, p. 126.)
Il avait déjà dit dans son immortel ouvrage: Lorsque je me sers du mot d'attraction,... je n'envisage point cette force physiquement, mais seulement mathématiquement; que le lecteur se garde donc bien d'imaginer que par ce mot... j'entends désigner une cause ou une raison physique, ni que je veuille attribuer aux centres d'attraction des forces réelles et physiques, car je n'envisage dans ce traité que des quantités et des proportions mathématiques, sans m'occuper de la nature des forces et des qualités physiques. (Philos. natur. princ. mathem. cum comment. P.P. le Seur et Jacquier, Genevae, 1739-40, in-4o, tom. I. Def. VIII, pag. 11, et Schol. propos. XXXIX, p. 464.)
Cotes, dans la préface célèbre de ce même livre, dit que, lorsqu'on est arrivé à la cause la plus simple, il n'est plus permis de s'avancer davantage, p. 33; en quoi il semble qu'il n'avait pas bien saisi l'esprit de son maître: mais Clarke, de qui Newton a dit: Clarke seul me comprend, a fait sur ce point un aveu remarquable. L'attraction, dit-il, peut être l'effet d'une impulsion, mais non certainement matérielle (impulsu NON UTIQUE CORPOREO); et dans une note il ajoute: L'attraction n'est certainement pas une action matérielle à distance, mais l'action de quelque cause immatérielle. (CAUSAE CUJUSDAM IMMATERIALIS, etc. Voy. la Physique de Rohault traduite en latin par Clarke, in-8o, t. II, cap. XI, §15, texte et note.) Le morceau entier est curieux.
Mais n'abandonnons jamais une grande question sans avoir entendu Platon. « Les modernes, dit-il, (les modernes!) se sont imaginé que le corps pouvait s'agiter lui-même par ses propres qualités; et ils n'ont pas cru que l'âme pouvait mouvoir elle-même et les corps; mais pour nous qui croyons tout le contraire, nous ne balancerons point à regarder l'âme comme la cause de la pesanteur. » (Ou si l'on veut une traduction plus servile): Il n'y a pour nous aucune raison de douter, sous aucun rapport, que l'âme n'ait le pouvoir de mouvoir les graves.
##Oud' emin apistei psuche kata logon oudena oos baros ouden ooeriferein dunamene. (Plat. de leg., lib. XIII, Opp., tom. IX, p. 267.)
Il faut remarquer que dans cet endroit ##ooeripherein ne signifie point circumferre, mais seulement ferre ou ferre secum. La chose étant claire pour la moindre réflexion, il suffit d'en avertir.
N.B. L'expression numérique du second de ces nombres exige quatorze chiffres, et celle du premier vingt-sept.
. . . . . . sedet aeternumque sedebit Infelix Theseus. . . . . . . . . .(Virg., Aen., VI, 617-18.)
Irremeabilis unda. . . . . . . .(Ibid., 425.)
Assiduae repetunt quas perdant Belides undas.(Ovid., Met. IV, 462.)
Immortale jecur tundens, fecundaque poenis Viscera; nec requies fibris datur ulla renatis.(Virg., ibid., 598, 600.)
. . . . . . Tibi, Tantale, nullae Deprehenduntur aquae, quaeque imminet effugit arbos.(Ovid., Met., 457-458.)
Aut petis aut urges ruiturum, Sysiphe, saxum.(Ibid., 459.)
Volvitur Ixion, et se sequiturque fugitque. . . . Perpetuas patitur poenas. . . . . .(Ibid., 460, 466.)