Notes du cinquième entretien.

Note I.

C'était l'avis d'Origène: Les hommes, dit-il, ne seraient pas coupables, s'ils ne portaient dans leur esprit des notions de morale communes et toutes écrites en lettres divines (Grammasi theou.) Adv. Cels., lib. I, c. IV, p. 323, et c. V, p. 324. Opp., édit. Ruaei, in-fol., tom. I. Paris, 1723.

Charron pensait de même lorsqu'il adressait à la conscience cette apostrophe si originale et si pénétrante: « Que vas-tu chercher ailleurs loi ou règle au monde! Que te peut-on dire ou alléguer que tu n'aies chez toi ou au-dedans, si tu te voulais tâter et écouter! Il te faut dire comme au payeur de mauvaise foi qui demande qu'on lui montre la cédule qu'il a chez lui: Quod petis intus habes; tu demandes ce que tu as dans ton sein. Toutes les tables de droit, et les deux de Moïse, et les douze des Grecs (des Romains), et toutes les bonnes lois du monde, ne sont que des copies et des extraits produits en jugement contre toi, qui tiens caché l'original, et feins ne savoir ce que c'est; étouffant tant que tu peux cette lumière qui t'éclaire au-dedans, mais qui n'ont jamais été au-dehors, et humainement publiées que pour celle qui était au-dedans toute céleste et divine, a été par trop méprisée et oubliée. » (De la Sagesse, liv. II, chap. III, no. 4.)

Note II.

##Pantakhe te arkhon arkhomenou ooresbutefon, kai agon agomenou. (Plat. de Leg., lib. XIII, in Epin. Opp., tom. IX, p. 252.)

On peut observer en passant que le dernier mot de Platon, ce qui commande précède ce qui est commandé, efface la maxime si fameuse sur nos théâtres:

    Le premier qui fut roi fut un soldat heureux.
L'expression même employée par Voltaire se moque de lui, car le premier SOLDAT fut SOLDÉ par un roi.

Note III.

    Tangere enim et tangi nisi corpus nulla potest res.
(Lucr. de R. N., l. 305.)

Le docteur Robinson, savant éditeur de Black, s'est justement moqué des chimistes-mécaniciens (les plus ridicules des hommes), qui ont voulu transporter dans leur science ces rêves de Lucrèce. Ainsi, dit-il, si la chaleur est produite dans quelques solutions chimiques, c'est, disent les mécaniciens, par l'effet du frottement et du choc des différentes particules qui entrent en solution; mais si l'on mêle de la neige et du sel, ces mêmes chocs et ces mêmes frottements produisent un froid aigu, etc. (Black's lectures on chemistry, in-4o, tom. I, on heat, p. 126.)

Note IV.

« ##Moon arkhe tis estai tes kineseoos apases alle oolen tes autes auten kinesases metabole; le mouvement peut-il avoir un autre principe que cette force qui se meut elle-même? » (Plat. de leg. Opp., tom. IC, p. 86-87.) Corporeum non movet nisi motum... Quum autem non sit procedere in infinitum in corporibus, oportebit devenire ad primam movens incorporeum... Omnis motus a principio immobili. (Saint Thomas, adv. gent., I, 44; III, 23.) Platon n'est point ici copié, mais parfaitement rencontré.

Note V.

On peut lire ces lettres dans la Bibliothèque britannique. Février 1797, vol. IV, no. 30. Voyez surtout celle du 3 février 1695. Ibid., pag. 192.

Il avait déjà dit dans son immortel ouvrage: Lorsque je me sers du mot d'attraction,... je n'envisage point cette force physiquement, mais seulement mathématiquement; que le lecteur se garde donc bien d'imaginer que par ce mot... j'entends désigner une cause ou une raison physique, ni que je veuille attribuer aux centres d'attraction des forces réelles et physiques, car je n'envisage dans ce traité que des quantités et des proportions mathématiques, sans m'occuper de la nature des forces et des qualités physiques. (Philos. natur. princ. mathem. cum comment. P.P. le Seur et Jacquier, Genevae, 1739-40, in-4o, tom. I. Def. VIII, pag. 11, et Schol. propos. XXXIX, p. 464.)

Cotes, dans la préface célèbre de ce même livre, dit que, lorsqu'on est arrivé à la cause la plus simple, il n'est plus permis de s'avancer davantage, p. 33; en quoi il semble qu'il n'avait pas bien saisi l'esprit de son maître: mais Clarke, de qui Newton a dit: Clarke seul me comprend, a fait sur ce point un aveu remarquable. L'attraction, dit-il, peut être l'effet d'une impulsion, mais non certainement matérielle (impulsu NON UTIQUE CORPOREO); et dans une note il ajoute: L'attraction n'est certainement pas une action matérielle à distance, mais l'action de quelque cause immatérielle. (CAUSAE CUJUSDAM IMMATERIALIS, etc. Voy. la Physique de Rohault traduite en latin par Clarke, in-8o, t. II, cap. XI, §15, texte et note.) Le morceau entier est curieux.

Mais n'abandonnons jamais une grande question sans avoir entendu Platon. « Les modernes, dit-il, (les modernes!) se sont imaginé que le corps pouvait s'agiter lui-même par ses propres qualités; et ils n'ont pas cru que l'âme pouvait mouvoir elle-même et les corps; mais pour nous qui croyons tout le contraire, nous ne balancerons point à regarder l'âme comme la cause de la pesanteur. » (Ou si l'on veut une traduction plus servile): Il n'y a pour nous aucune raison de douter, sous aucun rapport, que l'âme n'ait le pouvoir de mouvoir les graves.

##Oud' emin apistei psuche kata logon oudena oos baros ouden ooeriferein dunamene. (Plat. de leg., lib. XIII, Opp., tom. IX, p. 267.)

Il faut remarquer que dans cet endroit ##ooeripherein ne signifie point circumferre, mais seulement ferre ou ferre secum. La chose étant claire pour la moindre réflexion, il suffit d'en avertir.

Note VI.

##Ne Dia, eipein, endon ti einai dei. (Plut. in Lacon. LXIX.)

Note VII.

« Il ne faut pas, dit Platon, trop pousser la recherche des causes, car, en vérité, cela n'est pas pieux. » - ##Oute ooolupagmonein tas aitias, OY GAR OYD'OSION EINLI. Plat. de leg. Opp. édit. Bipont., tom. VIII, p. 587.

Note VIII.

L'indispensable nécessité d'admettre un agent hors de la nature, pressant un peu trop le traducteur français de Bacon, homme tout à fait moderne, il s'en est consolé par le passage suivant: « Tous les philosophes ont admiré la nécessité de je ne sais quel fluide indéfinissable qu'ils ont appelé de différents noms, tels que matière subtile, agent universel, esprit, chair, véhicule, fluide électrique, fluide magnétique, DIEU, etc. » (Cité dans le précis de la philosophie de Bacon, tom. II, p. 242.)

Note IX.

Cependant il y a eu des opposants. On sait que Hume a mis Bacon au-dessous de Galilée, ce qui n'est pas un grand effort de justice. Kant l'a loué avec une économie remarquable. Il ne trouve pas d'épithète plus brillante que celle d'ingénieux (sinnreich). (Kants Kritik der rein. Vern. Leipzig, 1779, in-8o Vorr. S. 12-13), et Condorcet a dit nettement que Bacon n'avait pas le génie des sciences, et que ses méthodes de découvrir la vérité, dont il ne donne point l'exemple, ne changèrent nullement la marche des sciences. (Esquisse, etc., in-8o, p. 229.)

Note X.

Précis de la philosphie, etc., vol. cité, pag. 177. Au reste, ce même siècle qui décernait à Bacon des honneurs non mérités, n'a pas manqué de lui refuser ceux qui lui étaient dûs légitimement, et cela pour le punir de ces restes vénérables de la foi antique qui étaient demeurés en l'air dans sa tête, et qui ont fourni la matière d'un très bon livre. C'était la mode, par exemple, et je ne crois pas qu'elle ait passé encore, de préférer les Essais de Montaigne à ceux de Bacon, qui contiennent plus de véritable science solide, pratique, et positive, qu'on n'en peut trouver, je crois, dans aucun livre de ce genre.

Note XI.

Felicior quidem, si ut vim religionis, ita etiam illius castitatem intellexisset. (Christoph. Stay. praef. in Benedicti fratris philos. recent. vers. trad. Romae, Palearini, 1755, in-8o, tom. I, pag. 29.)

Note XII.

En partant du principe connu, que les vitesses sont aux deux extrémités d'un levier réciproquement comme les pieds des deux puissances, et les longueurs des bras directement comme ces mêmes vitesses, Fergusson s'est amusé à calculer que si, au moment où Archimède prononça son mot célèbre: Donnez-moi un point d'appui et j'ébranlerai l'univers, Dieu l'avais pris au mot en lui fournissant, avec ce point d'appuie donné à trois mille lieues du centre de la terre, des matériaux d'une force suffisante, et un contre-poids de deux cents livres, il aurait fallu à ce grand géomètre un levier de douze cents milliards de cent milliards, ou douze quadrillons de mille, et une vitesse à l'extrémité du long bras égale à celle d'un boulet de canon, pour élever la terre d'un pouce en vingt-sept centaines de milliards, ou vingt-sept trillions d'années. (Fergusson's astronomy explained. London, 1803, in-8o, chap VII, pag. 83.)

N.B. L'expression numérique du second de ces nombres exige quatorze chiffres, et celle du premier vingt-sept.

Note XIII.

Les uns ont donné au commencement du monde, tel que nous le décrit Moïse, le nom de reformation; d'autres ont confessé avec candeur, qu'ils ne se formaient l'idée d'aucun commencement, et cette philosophie n'est pas morte à beaucoup près. Cependant ne désespérons de rien, les armoiries d'une ville célèbre ont prophétisé comme Caïphe sans savoir ce qu'elles disaient: POST TENEBRAS LUX.

Note XIV.

    . . . . . . sedet aeternumque sedebit
    Infelix Theseus. . . . . . . . . .
(Virg., Aen., VI, 617-18.)

Note XV.

    Irremeabilis unda. . . . . . . .
(Ibid., 425.)

Note XVI.

    Assiduae repetunt quas perdant Belides undas.
(Ovid., Met. IV, 462.)

Note XVII.

    Immortale jecur tundens, fecundaque poenis
    Viscera; nec requies fibris datur ulla renatis.
(Virg., ibid., 598, 600.)

Note XVII.

    . . . . . . Tibi, Tantale, nullae
    Deprehenduntur aquae, quaeque imminet effugit arbos.
(Ovid., Met., 457-458.)

Note XIX.

    Aut petis aut urges ruiturum, Sysiphe, saxum.
(Ibid., 459.)

Note XX.

    Volvitur Ixion, et se sequiturque fugitque. . . .
    Perpetuas patitur poenas. . . . . .
(Ibid., 460, 466.)

Denis Constales - dcons@world.std.com - http://world.std.com/~dcons/