Notes du deuxième entretien.
Le mérite du style ne doit pas être accordé
à Rousseau sans restriction. Il faut remarquer qu'il
écrit très mal la langue philosophique; qu'il ne
définit rien; qu'il emploie mal les termes abstraits;
qu'il les prend tantôt dans un sens poétique, et
tantôt dans le sens des conversations. Quant à son
mérite intrinsèque, La Harpe a dit le mot: Tout,
jusqu'à la vérité, trompe dans ses
écrits.
Ubicunque videris orationem corruptam placere, ibi mores
quoque à recto descivisse non est dubium. (Senec.,
Epist. mor. CXIV.) On peut retourner cette pensée et dire
avec autant de vérité: ubicunque mores à
recto descivisse videris, ibi quoque orationem corruptam placere
non est dubium. Le siècle qui vient de finir a
donné en France une grande et triste preuve de cette
vérité. Cependant de très bons esprits ont
vu le mal et ont défendu la langue de toutes leurs
forces: on ne sait encore ce qui arrivera. Le style
réfugié, comme on le nomma jadis, tenait
à la même théorie. Par un de ces faux
aperçus qui ne cessent de s'introduire dans le domaine de
la science, on a attribué ce style au contact des nations
étrangères; et voilà comment l'esprit
humain perd son temps à se jouer sur des surfaces
trompeuses où il s'amuse même à se mirer
sottement, au lieu de les briser pour arriver à la
vérité. Jamais le protestantisme français
persécuté, affranchi ou protégé, n'a
produit ni ne produira en français aucun monument capable
d'honorer la langue et la nation. Rien dans ce moment ne
l'empêche de me démentir. Macte animo!
En général, ce citations sont justes. On peut les
vérifier dans l'ouvrage de Timée de Locres,
imprimé avec les oeuvres de Platon. (Édit. Bip.,
tom. X, p. 26. Voyez encore le Timée de Platon,
ibid., p. 426, et le Critias, ibid., 65-66.)
J'observe seulement que dans le Critias, Platon ne dit pas le
don inestimable, mais les plus belles choses parmi
les plus précieuses: ##Ta kallista apo toon
timootatoon apolluntes. (Ibid., in fin.) L'abbé Le
Batteux, dans sa traduction de Timée de Locres, et
l'abbé de Feller (Dict. hist., art. Timée,
et Catéch. philos. tom. III, no 465) font parler ce
philosophe d'une manière plus explicite; mais comme la
seconde partie du passage cité est obscure, et que
Marcile Ficin me paraît avoir purement conjecturé,
j'imite la réserve de l'interlocuteur qui s'en est tenu
à ce qu'il y a de certain.
Toutes ces idées se rencontrent en effet dans le Phèdre
de Platon. (Opp., tom. X, p. 286 et 341.) Ce dialogue
singulier ressemble beaucoup à l'homme. Les
vérités les plus respectables y sont fort mal
accompagnées; et Typhon s'y montre trop à
côté d'Osiris.
Newton, qui peut être appelé à juste titre,
pour me servir d'une expression du Dante, MASTRO DI COLOR CHE
SANNO, a décidé qu'il n'est pas permis en
philosophie d'admettre le plus lorsque le moins
suffit à l'explication des phénomènes, et
qu'ainsi un couple suffisant pour expliquer la population de
l'univers, on n'a pas le droit d'en supposer plusieurs.
Linnée, qui n'a point d'égaux dans la science
qu'il a cultivée, regarde de même comme un axiome:
que tout être vivant ayant un sexe, vient d'un couple
créé par Dieu dans l'origine des choses; et le
chevalier W. Jones, qui avait tant médité sur les
langues et sur les différentes familles humaines,
déclare embrasser cette doctrine sans balancer.
(Asiat. Research. in-4o, tom. III, pag. 480.) Voltaire,
fondé sur sa misérable raison de la
diversité des espèces, a soutenu chaudement
l'opinion contraire, et il serait excusable (n'était la
mauvaise intention), vu qu'il parlait de ce qu'il n'entendait
pas. Mais que dire d'un physiologiste
cité
plus haut (p. 64, note VI), lequel, après avoir
reconnu expressément la toute-puissance du principe
intérieur, dans l'économie animale, et son action
altérante lorsqu'il est lui-même vicié de
quelque manière, n'adopte pas moins le raisonnement
grossier de Voltaire, et s'appuie de la stature d'un Patagon, de
la laine d'un Nègre, du nez d'un Cosaque, etc., pour nous
dire gravement que, suivant l'opinion la plus vraisemblable,
LA NATURE (qu'est-ce donc que cette femme?) a
été déterminée par des lois
primordiales dont les causes sont inconnues, À
CRÉER diverses races d'hommes.
Voilà comment un homme, d'ailleurs très habile,
peut se trouver enfin conduit par le fanatisme
anti-mosaïque de son siècle à ignorer ce
qu'il sait et à nier ce qu'il affirme.
Antiquitas proxime accedit ad deos. (Cicero, de Leg. II,
11.) Non tamen negaverim fuisse primos homines alti spiritus
viros; et, ut ita dicam, A DIIS RECENTES: neque enim dubium est
quin meliora mundus nondum effatus ediderit. (Sen. Epist.
XC.) Origène disait très sensément à
Celse: « Le monde ayant été
créé par la Providence, il faut
nécessairement que le genre humain ait été
mis, dans les commencements, sous la tutelle de certains
êtres supérieurs, et qu'alors Dieu
déjà se soit manifesté aux hommes. C'est
aussi ce que l'Écriture sainte atteste, etc. (Gen.
XVIII), et il convient en effet que, dans l'enfance du monde,
l'espèce humaine reçût des secours
extraordinaires, jusqu'à ce que l'invention des arts
l'eût mise en état de se défendre
elle-même et de n'avoir plus besoin de l'intervention
divine, etc. » Origène appelle à lui la
poésie profane comme une alliée de la raison et de
la révélation; il cite Hésiode dont le
passage très connu est fort bien paraphrasé par
Milton. (Par. lost. IX, 2, etc.) Voy. Orig. contra Cels.
IV, cap 28. Opp. Edit. Rucci, tom I, pag. 199, 562.
Veneris stellae Pythagoras deprehendit Olympiad. XLII quae
fuit annus urbis CXLII. Plin. hist. nat., lib. II, cap. 8,
tom. I, pag. 150. Edit Hard. in-4o. Macrob. Saturn., l.
XII. - Maurice's history of Indostan, in-4o, tom. I, pag.
167.
##Eita su dedias, k. t. l. Sept. Sap. conv. Edit. Steph.
in-fol., tom. II, pag. 149. Amyot a traduit: « Les
Égyptiens disent que les astres, en faisant leurs
révolutions ordinaires, sont une fois haut et puis une
fois bas, et, selon leur hauteur et leur bassesse, deviennent
pire ou meilleurs qu'ils n'étaient, etc. » (Banq.
des sept sages, c. XI.)
C'est dans le Ve discours qu'il emploie cette expression
remarquable; et il en fait honneur en effet aux
Chaldéens. Il est vrai que Pétau, à la
marge de son édition (in-4o, pag. 323), cite un
manuscrit qui porte ##epaktina theon, au lieu de ##eptaktina;
mais la première leçon est évidemment
l'ouvrage d'un copiste qui, ne comprenant rien à ces sept
rayons, dut s'applaudir beaucoup d'avoir imaginé
cette correction. Elle prouve seulement combien il faut se
garder de corriger les manuscrits sans pouvoir s'appuyer d'une
autre autorité écrite.
Ce n'est pas précisément cela. La fable indienne
ne dit point que ces vierges fussent au nombre de sept, mais
dans le monument qui représente la fable, et dont on a
envoyé une copie en Europe, on voit en effet sept jeunes
filles (Maurice's hist. of Ind., tom. I, pag.
108), ce qui semble néanmoins revenir au même,
d'autant plus que les brahmes soutiennent expressément
que le soleil a sept rayons primitifs. (Sir William Jones's
works, supplem. in-4o, tom. II, pag. 116.)
(Note de l'éditeur.)
Pindare a dit (Olymp. VII, 13 - 135. Edit. Heinii.
Gotting., 1798, in-8o, tom. I, pag. 98)
« qu'après que les dieux se furent divisé la
terre, et que le soleil, oublié dans le partage, eut
retenu pour lui l'île de Rhodes qui venait de sortir du
sein de la mer, il eut de la nymphe qui donna son nom à
l'île sept fils d'un esprit merveilleux; » et
l'on peut voir de plus dans le grand ouvrage de P. de
Montfaucon, que toutes les figures qui représentent
Apollon ou le Soleil ont la tête ornée de sept
rayons lumineux ou d'un diadème à sept pointes, ce
qui revient encore au même. D'une manière ou d'une
autre, on voit constamment le nombre sept attaché
au Soleil, et ceci m'a toujours paru remarquable. (Antiq.
expt. Paris, 1722, in-fol., tom. III, chap. VI, pag.
119 et suiv.)
On peut voir sur ce point les nombreux témoignages de
l'antiquité recueillis dans la belle préface que
Copernic a placée à la tête de son fameux
livre De Orb. cael. Revol., dédié au pape
Paul III, grand protecteur des sciences et surtout de
l'astronomie. On peut observer, à propos de ce livre, que
les souverains Pontifes ont puissamment favorisé la
découverte du véritable système du monde
par la protection qu'ils accordèrent, à
différentes époques, aux défenseurs de ce
système. Il est devenu tout à fait inutile de
parler de l'aventure de Galilée, dont les torts ne sont
plus ignorés que de l'ignorance. (Voy. les
Mém. lus à l'acad. de Mantoue, par l'abbé
Tiraboschi, Storia delle letterat. Ital., Venezia, 1796,
in-8o, tom. 8, pag. 313. et seg.)
Sénèque a dit: Philosophi credula gens.
(Quaest. nat. V, 26.) Eh! comment ne seraient-ils pas
crédules, ceux qui croient tout ce qu'ils veulent? Les
exemples ne manquent pas. Ceux-ci sont remarquables. Ne les
avons-nous pas vu, pendant plus d'un demi-siècle, nous
démontrer l'impossibilité physique du
déluge par le défaut d'eau nécessaire
à la grande submersion? Mais
du moment que, pour former les montagnes par voie de
précipitation, il leur a fallu plus d'eau que n'en
suppose le déluge, ils n'ont pas hésité
d'en couvrir le globe jusqu'au-dessus des Cordillères.
Dites que les blocs gigantesques qui forment certains monuments
du Pérou pourraient bien être des pierres factices,
vous trouverez sur-le-champ un de ces messieurs, qui vous dira:
Je ne vois rien là que de très probable. (Lettres
améric., tom. I, lettre VI, pag. 93; note
du traducteur. ) Montrez-leur la pierre de Sibérie,
qui est à l'académie de Saint-Pétersbourg,
et qui pèse 2.000. C'est un aérolithe,
diront-ils; elle est tombée des nues et s'est
formée en un clin d'oeil. Mais s'agit-il des couches
terrestres, c'est autre chose. Un Péruvien peut fort bien
faire du granit impromptu, comme il s'en forme en l'air
très souvent; mais, pour la roche calcaire, Dieu ne s'en
tirera pas en moins de soixante mille ans; il faut qu'on passe
par là.
Bailli avait démontré que les fameuses
tables de Trivalore remontaient à l'époque si
célèbre dans l'Inde du Cali-Yug,
c'est-à-dire à deux mille ans au moins avant notre
ère. Mais ne voilà-t-il pas que ces tables se sont
trouvées écrites, et même par bonheur
datées vers la fin du XIIIe siècle! (De
l'antiquité du Surya-Sidhanta, par M. Bentley, dans les
Rech. asiat., in-4o, tom. VI, pag. 538.) Quel malheur
pour la science, si les Français avaient dominé
dans l'Inde pendant la fièvre irréligieuse qui a
travaillé ce grand peuple, et qui ne paraît encore
affaiblie que parce qu'elle a affaibli le malade! Ces
détestables lettrés du dernier siècle se
seraient coalisés avec les brahmes pour étouffer
la vérité, et l'on ne sait plus deviner comment
elle se serait fait jour. L'Europe doit des actions de
grâce à la société anglaise de
Calcutta, dont les honorables travaux ont brisé cette
arme dans les mains des malintentionnés.
L'ouvrage célèbre de M. Bryant, A new System,
or an Analysis of ancient mythology, etc. London 1776,
in-4o, 3 vol., peut être considéré comme un
savant commentaire de cette proposition. Un livre de ce genre
contient nécessairement une partie hypothétique;
mais l'ensemble de l'ouvrage, et le IIIe volume surtout, me
semblent présenter une véritable
démonstration de la science primitive, et même des
puissants moyens physiques qui furent mis à la
disposition des premiers hommes, puisque leurs ouvrages
matériels passent les forces humaines, qualia nunc
hominum pruducit corpora tellus. Caylus a
défié l'Europe entière avec toute sa
mécanique de construire une pyramide d'Égypte.
(Rech. d'antiq., etc. in-4o, tom. V, préf.)
Il l'a dit en effet dans l'Essai sur les moeurs, etc., aurea
prima sata est aetas. (Chap. IV. OEuvr. de Volt., in-8o,
1785, tom. XVI, p. 289.) - Il est bien remarquable que
les mêmes traditions se sont retrouvées en
Amérique. Le règne de Quetzalcoatl était
l'âge d'or des peuples d'Anahnac: alors tous les animaux,
les hommes mêmes vivaient en paix; la terre produisait
sans cultures ses plus riches moissons... Mais ce
règne... et le bonheur du monde ne furent pas de longue
durée, etc. (Vues des Cordillères et monum. de
l'Amérique, par M. de Humboldt, tom. I, in-8o, Planche
VII, p. 3.)
Voy. Eustathe sur le v. 16e du Ier livre de l'Iliade. Au
reste, sans prétendre contester l'observation
générale, qu'il se trouve dans les langues
anciennes, aux époques d'une barbarie plus ou moins
profonde, des mots qui supposent des connaissances
étrangères à cette époque,
j'avoue cependant que le mot de COSMOS ne me semble pas
cité heureusement à l'appui de cette proposition,
puisqu'il est évidemment nouveau dans le sens de monde.
Homère ne l'emploie jamais que dans son acception
primitive d'ordre, de décence, d'ornement,
etc. Iliade, II, 214; V, 759; VIII, 12; X, 472; XI, 48; XII, 40;
XXIV, 622, etc. Odyss. VIII, 179, 364, 489, 492; XIV, 363; etc.
Hésiode ne fait presque pas usage de ce mot (même
dans le sens d'ornement) ni d'aucun de ses dérivés
si nombreux et si élégants. Ce qui est fort
singulier, on trouve une seule fois COSMOS dans la
Théogonie, V, 588, et COSMEO, ibid. V, 572.
Pindare emploie presque toujours ce mot de COSMOS dans le sens
d'ornement, quelquefois dans celui de convenance,
jamais dans celui de monde. Euripide du même ne
s'en sert jamais dans ce dernier sens, ce qui doit
paraître très surprenant. On le trouve à la
vérité selon ce même sens dans les hymnes
attribués à Orphée. (À la Terre,
V, 4; au Soleil, V, 16, etc.) Mais ce n'est qu'une preuve
de plus que ces hymnes ont été fabriqués ou
interpolés à une époque très
postérieure à celle qu'on leur attribue.
Salluste, qui aimait les archaïsmes, a dit: Itaque
Senatus, ob ea feliciter acta, diis immortalibus SUPPLICIA
decernere. (De bello Jugurt., L. V.) Et près d'un
siècle plus tard, Apulée, singeant ce même
goût, disait encore: Plena aromatis et SUPPLICIIS.
(Métam. XI.) D'ailleurs supplicatio, supplicari, etc.,
etc., viennent de ce mot, et la même analogie a lieu
dans notre langue, où l'on trouve supplice et supplication,
supplier et supplicier.
Il ne paraît pas en effet qu'il y ait le moindre doute sur
l'étymologie de febris, qui appartient
évidemment à l'ancien mot februare. De
là Februarius, le mois des expiations.
Au rang de ces mots singuliers, je place celui de Rhumb,
qui appartient depuis longtemps à plusieurs langues
maritimes de l'Europe. Rhumbos en grec signifiant en
général la rotation, et rhumbon une
circonvolution en spirale, ne pourrait-on pas, sans
être un Mathanasius, voir dans ce mot de rhumb
une connaissance ancienne de la loxodromie?
On peut observer, à propos de cette expression, qu'elle
ne se rencontre jamais dans l'Odyssée; et cette
observation pourrait être jointe à celles qui
permettraient de conjecturer que les deux poèmes de
l'Iliade et de l'Odyssée ne sont pas de la même
main; car l'auteur de l'Iliade est très constant sur les
noms, les surnoms, les épithètes, les tournures,
etc.
Il dit en effet que tout homme intelligent doit de grandes
louanges à l'antiquité pour le grand nombre de
mots heureux et naturels qu'elle a imposés aux choses:
##Oos eu kai kata fusin keimena, De Leg. VII. Opp. tom.
VIII, pag. 379.
Sénèque admire de même ce talent de
l'antiquité pour désigner les objets efficacissimis
notis. (Sen. Epist. mor. LXXXI.) Lui-même est
admirable dans cette expression qui est tout à fait efficace
pour nous faire comprendre ce qu'il veut dire.
Platon ne s'en tient pas à reconnaître ce talent
de l'antiquité, il en tire l'incontestable
conséquence: Pour moi, dit-il, je regarde comme
une vérité évidente que les mots n'ont pu
être imposés primitivement aux choses que par une
puissance au-dessus de l'homme: ET DE LA VIENT QU'ILS SONT
SI JUSTES. - ##Oimas men egoo ton alethestaton logon peri
toutoon einameizoo tina dunamin einai è anthroopeian
tèn themenèn ta proota ta onomata tois pragmasin,
OOSTE ANAGKAION EINAI AYTA ORTHOOS EXIEN. Plat. in Crat.
Opp., tom. II Edit. Bip., pag. 343.
Charron a dit encore: Celui que je veux DUIRE et instruire
à la sagesse, etc. (De la sagesse, liv. II, chap. V,
no 13.) Ce mot naquit à une époque de notre langue
où le sens de ces deux mots duo et ire
était généralement connu. Lorsque
l'idée de la simultanéité s'effaça
des esprits, l'action onomaturge y joignit la particule
destinée en français à exprimer cette
idée, c'est-à-dire le CUM des Latins, et l'on dit
conduire. Quand nous disons aujourd'hui en style
familier: Cela ne me DUIT pas, le sens primitif subsiste
toujours; car c'est comme si nous disions: Cela ne peut
aller avec moi; m'accompagner, subsister à
côté de moi, et c'est encore dans un sens tout
semblable que nous disons: Cela ne vous VA pas.
Roubaud, cité dans un discours préliminaire du
nouveau dictionnaire des synonymes français, voit dans
sortir HORS et IRE. Il n'a pas compris ce mot parce qu'il
avait négligé les consonnes, auxquelles le
véritable étymologiste doit faire une attention
presque exclusive. Les voyelles représentent les tuyaux
d'un orgue: c'est la puissance animale qui ne peut que crier;
mais les consonnes sont les touches, c'est-à-dire
le signe de l'intelligence qui articule le cri.
Je disais en mon COURAGE: Si le roi s'en allait, etc.
(Joinville, dans la collect. des mémoires, etc., tom. I.)
Cette phrase est tout à fait grecque: ##Egoo de en too
OYMOO mou elegon, etc.
Au milieu du XVIe siècle, ce mot de COURAGE retenait
encore sa signification primitive. Le vouloir de Dieu
tout-puissant lui changea le courage. (Voy. Le
sauf-conduit donné par le souldan au sujet du roi
très chrétien, à la fin du livre
intitulé: Promptuaire des Conciles, etc. Lyon, de
Tournes, 1546, in-16, pag. 208.) Cor, au reste, a
fait coeur, en vertu de la même analogie qui de bos
a fait boeuf, de flos fleur, de cos, queux,
de votum, voeu, de ovum, oeuf, de nodus, noeud,
etc.
De là le mot TESTis en latin: celui de
TÉmoin (anciennement TESmoing) dans notre langue, TEST en
anglais, serment du Test, etc.
CAPut hABILE, CAPABLE: tête puissante qui
possède une grande capacité. La
première racine s'étant effacée, nous avons
attribué à ce mot capable le sens unique du
second, habile. Les Anglais ont conservé celle-ci
pure et simple; an ABLE man (un homme capable).
Quare a fait car, comme quasi a fait casi;
quartus, cart; querela, kerelle; quicunque, kiconque; quamquam,
cancan (celui-ci est célèbre), et tant
d'autres qui ont conservé ou rejeté l'orthographe
latine. Car l'a conservée assez longtemps: car on
lit dans une ordonnance de Philippe-le-Long, du 28 octobre 1318:
QUAR se nous souffrions, etc.; Mémoires du sire de
Joinville, dans la Collect. générale des
mém., in-8o, préf. pag. 88; et dans le
commencement du XVIe siècle, un poète disait
encore:
QUAR mon mari est, je vos di
Bon mire, je le vos affi.
(Vers cités dans l'avertiss. de Lebret, sur le
Médecin malgré lui, de Molière.)
L'expression numérique UN, convertie en pronom
indéfini pour exprimer l'unité vague d'un genre
quelconque, est si nécessaire, ou si naturelle, que les
Latins l'employèrent quelquefois presque sans s'en
apercevoir contre le génie et les règles les plus
certaines de la langue. On a cité souvent le passage de
Térence, forte UNAM vidi adolescentulam. On
pourrait en citer d'autres. Corn. Nep. in Annib., XII Cic. de
Nat. deorum, II, 7; Ad Fam. XV, 16. Phil. II,
3; Tac. Ann. II, 30, etc. Ce pronom
indéfini étant un des éléments
primordiaux de la langue française, nos pères,
employant une ellipse très naturelle et très
commode, le séparèrent du substantif homme,
tenu pour répété toutes les fois qu'il
s'agissait d'exprimer ce que l'homme abstrait avait dit ou fait;
et ils dirent UN a dit, c'est UN qui passe, comme on le
dit de nos jours dans quelques dialectes voisins de la France.
La Fontaine a dit encore:
Vous rappelez en moi la souvenance
D'UN qui s'est vu mon unique souci.
Mais bientôt UN se changea en ON par l'analogie
générale qui a changé l'U initial latin en
O francais, onde, ombre, once, onction, onguent, etc., au
lieu de unda, umbra, etc. Cette analogie est si forte,
qu'elle nous fait souvent prononcer l'O dans les mots
mêmes où l'orthographe a retenu l'U; comme dans nuncupatif,
fungus, duumvir, triumvir, nundinal, etc., que nous
prononçons noncupatif, fongus, etc. De là
vient encore la prononciation latine des Français qui
amuse si fort les Italiens, bonom, maiom, Dominus vobiscom,
etc. Je me range donc volontiers à l'avis de
l'interlocuteur sur l'origine de nos particules CAR et ON. Les
gens de Port-Royal ont prétendu cependant que notre car
vient du grec GAR, et que ON vient de HOMME; mais il me
paraît certain que, dans ces deux cas, la grâce
de l'étymologie avait manqué à ces
messieurs: Dieu est le maître. (Voy. la Gramm.
gén., chap. XIX.)
Qui ne serait frappé de l'analogie parfaite de ce mot souproug
avec le conjux des Latins; analogie purement
intellectuelle, puisqu'elle n'a rien de commun avec les sons? Ce
mot de conjux, au reste, est une syncope de CONJUGATUS,
le G et l'S étant cachés dans l'X.
La fraternité du latin et de l'esclavon, laquelle
suppose absolument une origine commune, est une chose connue. On
connaît moins celle de l'esclavon avec le sanscrit, dont
je m'aperçus pour la première fois en lisant la
dissertation du P. Paulin de Saint-Barthélemi. De
latini sermonis origine et cum orientalibus linguis connexione.
Romae, 1802, in-4o.
Je recommande surtout à l'attention des philologues
les noms de nombre qui sont capitaux dans ces sortes de
recherches.
Je sais que le recueil indiqué existait; mais je ne sais
s'il existe encore, et dans ce cas même j'aurais
aujourd'hui peu d'espoir de l'obtenir. Je tâcherai d'y
suppléer jusqu'à un certain point par quelques
exemples remarquables que j'ai notés moi-même.
##Anakephalaioosis, récapitulation. Sugkatabasis,
condescendance. Diasurmos, persiflage. Diasurein, persifler.
Eparizerotès, gaucherie. Dèmon andra, homme du
peuple. (Homère, Il., II, 198.) Makra
philè, grande amie. (Théocr. II, 42.) Kalamas
aulon, flûte de canne. (Id. ibid.) Eortèn poiein,
faire une fête. Orthoosa umnon (Pind., Olymp. III, 5),
dresser un contrat, un plan etc. Murian kharin, mille
grâces. (Eurip. Alc., 554.) Ep' amphoo katheudein,
dormir sur les deux oreilles. Ophra IDHS Manelaon (Hom.,
Il., IV, 205), voir un malade (en parlant d'un
médecin). Aimatos eis agatoio (Id. Odyss.,
IV, 611), vous êtes d'un bon sang. Oikias
megalès èn (Plat. in Men. Edit. Bip. Rom., pag.
378), il était d'une grande maison. Oatton
è badèn (Xén., hist. Graec., V, 4, 53), plus
vite que le pas. Hn autois eidenai (Démost., De falsa
lege, 20), c'était à eux de savoir. Poi sou
poda kukleis (Eurip., Orest., 631), où tournez-vous
vos pas, etc., etc., etc.
De misère et de malheur nous avons
tiré misérable et malheureux, qui
appartiennent également à la misère et au
vice, l'une ne conduisant que trop souvent à l'autre: les
Grecs avaient procédé de même sor leurs deux
mots ##Ponos et ##Mokhthos.
Mais toutes les analogies disparaissent devant celle de ##nostimos
et de revenant. Comme il n'y a rien de si doux que le
retour d'une personne chérie longtemps
séparée de nous, et réciproquement, rien de
si doux pour le revenant, pour le guerrier surtout que ce
jour fortuné qui le rend sain et sauf à sa patrie
et à sa famille (##Nostimon èmar), les
Grecs exprimèrent par le même mot le plaisir
et le revenir. Or, les Français ont suivi la
même idée précisément. Ils ont dit
homme avenant, femme avenante; figure,
physionomie revenante. Cet homme me REVIENT:
c'est-à-dire, il m'est agréable comme un ami
qui me reviendrait.
Je ne vois rien d'aussi surprenant.
Tels sont, par exemple, les mots ##Eumaria. Nooi aphrodisioo.
Théocrite, id. VI, 26. Eusth. ad Il., I,
113.
##Ta moria, ektemnein (ippon) Dromas, etc., etc.
Il est bien essentiel d'observer, et sur ces mots et sur les
précédents, que ces merveilleuses
coïncidences d'idées ne nous sont point parvenues
par des intermédiaires latins, lors même que nous
avons pris d'eux les mots qui représentent ces
idées. Nous avons reçu des Latins, par exemple, le
mot advenant (adveniens); mais jamais les Latins n'ont
employé ce mot pour exprimer ce qui est
agréable. Pour ce mot, comme pour tant d'autres, il
n'y a entre nous et les Grecs aucun lien, aucune communication
visible. Quel sujet de méditations his quibus datum
est?
Ce serment qui passe pour le plus ancien monument de notre
langue, a été souvent imprimé; il se trouve
à la tête de l'un des volumes du monde primitif
de Court de Gebelin; dans le dictionnaire roman, wallon,
celtique et tudesque, etc. in-8o, 1777; dans le journal
historique et littéraire, juillet, 1777, p. 324,
etc. La pleine maturité de cette même langue est
fixée avec raison au Menteur de Corneille, et aux
Lettres provinciales. Ce dernier ouvrage est
grammaticalement irréprochable: on n'y rencontre pas
l'ombre de ces sortes de scories qu'on voit encore flotter sur
les meilleures pièces de Corneille.
HHAIM-DABER. C'est l'homme articulateur d'Homère.
Le grave Voltaire nous dit: « L'homme a toujours
été ce qu'il est. Cela ne veut pas dire qu'il ait
toujours eu de belles villes, du canon de vingt-quatre livres de
balles, des opéra-comiques et des convents de religieuses
(Tacite en personne!). Mais... le fondement de la
société existant toujours, il y a donc toujours eu
quelque société... Ne voyons-nous pas que tous les
animaux, ainsi que tous les autres êtres exécutent
invariablement la loi que la nature leur a donnée?
L'oiseau fait son nid comme les astres fournissent leur course
par un principe qui ne changea jamais. Comment l'homme aurait-il
changé? etc. etc. » Mais à la page suivante
il n'en recherche pas moins par quelle loi, par quels liens
secrets, par quel instinct l'homme aura TOUJOURS vécu en
famille, sans avoir encore formé un langage.
(Introduct. à l'Essai sur l'Hist. univ., in-8o, 1785.
OEuvre. Tom. VI. p. 31, 32 et 33.)
Romani tollant equites peditesque cachinnum.
Et même encore ils n'usent de ce droit que très
sobrement et avec une timidité marquée. Je
voudrais qu'il me fût permis d'employer le terme
DÉMAGOGUE. (Bossuet, Hist. des Var. V, 18.) SAGACITÉ,
si j'ose employer ce terme. (Bourdaloue, serm. sur la parf.
observ. de la loi, IIe partie.) Esprit LUMINEUX, comme disent
nos amis (de Port-Royal). Madame de Sévigné,
27 septembre 1671. - L'ÉCLAT des pensées. (Nicole,
cité par la même, 4 novembre même
année.) Elle souligne BAVARDAGE, 11 décembre 1695,
et AIMABILITÉ (preuve qu'amabilité
n'existait pas). 7 octobre 1676. - RIVALITÉ, mot
inventé par Molière. (Comment. de Lebret sur le
Dépit amoureux, act. I. scène IV.) EFFERVESCENCE:
Comment dites-vous cela, ma fille? voilà un mot dont je
n'avais jamais ouï parler. (Madame de
Sévigné, 2 août 1689. Elle y revient
ailleurs.) - OBSCÉNITÉ: Comment dites-vous
cela, madame? (Molière, Crit. de l'École
des femmes.)
En général les grands écrivains
craignent le néologisme; un sentiment secret les avertit
qu'il n'est pas permis d'entreligner l'écriture de nos
supérieurs.
Il est bien remarquable que pendant qu'une langue varie en
s'approchant graduellement du point de perfection qui lui
appartient, les caractères qui la peignent varient dans
la même proportion, et ne se fixent enfin que lorsqu'elle
se fixe elle-même. Partout où les vrais principes
de la langue seront altérés, on apercevra de
même une certaine altération dans
l'écriture. Tout cela vient de ce que chaque nation écrit
sa parole. Il y a une grande exception au fond de l'Asie,
où le Chinois semble au contraire parler son
écriture; mais là je ne doute pas que la
moindre altération dans le système de
l'écriture ne produisît subitement une autre dans
le langage. Ces considérations achèvent d'effacer
jusqu'à la moindre idée de raisonnement
antérieur ou d'arbitraire dans les langues. Après
avoir vu la vérité, on la touche. Au reste,
puisqu'il s'agit d'écrire, je tiens pour le sentiment de
Pline, quoi qu'en disent Bryant et d'autres: apparet aeternum
litterarum usum. (Hist. nat. VII, 57.)
Gallien ne semble laisser aucun doute sur ce sujet.
« Hippocrate, dit-il, admettait deux sources de nos
connaissances: le principe sensible et l'intelligence. Il
croyait que, par la première puissance, nous connaissons
les choses sensibles, et par la seconde les choses spirituelles.
(In lib. de offic. Med., l. IV.) Le premier d'entre les
Grecs, dont nous ayons connaissance, il reconnut que toute
erreur et tout désordre partent de la matière,
mais que toute idée d'ordre, de beauté et
d'artifice nous vient d'en haut. » (Id., De dieb.
decret.) De là vient « que Platon fut le plus
grand partisan d'Hippocrate, et qu'il emprunta de lui ses dogmes
principaux. » (##Zèlootès oon Ippokratous
Platoon EIPER TIS ALLOS, kai ta megista toon dogmatoon par'
ekeinou elabe. Id. De usu part., l. VIII.) Ces textes se
trouvent cités à la fin des bonnes éditions
d'Hippocrate, inter testimonia veterum. Le lecteur qui
serait tenté de les vérifier dans celle de Van
der Linden (in-8o; tom. II, pag. 1017) doit observer
sur le premier texte, dont je ne donne que la substance, que le
traducteur latin Vidus, Vidius, s'est trompé en
faisant parler Hippocrate lui-même, au lieu de Gallien qui
prend la parole. - ##As iste kame dia pantos, k.t.l. Ibid.
Cet axiome décisif en faveur des idées
innées se trouve en effet dans la Métaphysique
d'Aristote. ##Pasa mathèsis dia progignoskomenoon...
esti. Lib I., cap. VII. - Ailleurs il répète,
que toute doctrine et toute science rationnelle est
fondée sur une connaissance antécédente...
que le syllogisme et l'induction n'appuient leur marche que sur
ces sortes de connaissances; partant toujours de principes
posés comme connus. (Analyt. poster., lib. I, cap I,
De demonstr.)
Je trouve au liv. XII, chap IX de la Métaphysique
d'Aristote quelques idées qui se rapportent infiniment
à ce que dit ici l'interlocuteur. « Comme il n'y a
rien, dit-il, au-dessus de la pensée, si elle
n'était pas substance, mais acte simple, il s'ensuivrait
que l'acte aurait la supériorité d'excellence ou
de perfection - ##to eu to semnon - sur le principe
même qui le produit, ce qui est révoltant. - ##OOste
pheukteon touto. - On s'accoutume trop à envisager la
pensée en tant qu'elle s'applique aux objets
extérieurs, comme science, ou sensation, ou opinion, ou
connaissance; tandis que l'appréhension de l'intelligence
qui se comprend elle-même, paraît une espèce
de hors-d'oeuvre. ##Aootès de (è noèsis)
en parergoo.. - Cette connaissance de l'esprit est cependant
lui; l'intelligence ne pouvant être qu'intelligence
de l'intelligence - ##kai estin è noèsis
noèseoos noèsis. - Le comprenant et le compris
ne sont qu'un. - ##oukh' eteron oioo ontos tou nooumenon kai
tou nou, etc. » Je ne serais pas éloigné
de croire que ce chapitre de la Métaphysique d'Aristote
se présentait au moins d'une manière vague
à l'esprit de l'interlocuteur, lorsqu'il réfutait
le préjugé vulgaire qui range si injustement
Aristote parmi les défenseurs d'un système non
moins faux que vil et dangereux. (Note de l'Éditeur.)
Je trouve en effet cette définition dans saint Thomas,
sous une forme un peu moins laconique. Veritas intellectus
est adaequatio intellectus rei secundam quod intellectus dicit
esse quod est, vel non esse quod non est. (Adv. gent. Lib.
I, cap. XLIX, no 1.) - Illud quod intellectus intelligendo
dicit et cognescit (car il ne peut connaître et juger
sans DIRE) oportet esse rei aequatum, scilicet ut ita in re
sit, sicut intellectus dicit. (Ibid.)
Illud verum est de eo quod intellectus dicit, non operatione
qua id dicit. (Ibid.)
Intellectus possibilis (sive activus) est aliqua pars
hominis, et est dignissimum et formalissimum in ipso. Ergo ab eo
speciem sortitur, si non ab intellectu passivo. - Intellectus
possibilis probatur non esse actus corporis alicujus, propter
hoc quod est cognoscitivus omnium formarum sensibilium in
universali. Nulla igitur virtus cujus operatio se extendere
potest ad universalia omnia formarum sensibilium, potest esse
actus alicujus corporis. (S. Thom., ibid., lib II,
cap. LX, no 3-4.) Scientia non est in intellectu passivo, sed
in intellectu possibili. (Ibid. no. 8.) - Intellectus
possibilis... perficitur per species intelligibiles a
phantasmatibus abstractas. (Ibid., no 15.) - Sensus non
est cognoscitivus nisi singularium... per species individuales
receptas in organis corporalibus: intellectus autem est
cognoscitivus universalium. (Ibid., lib. II, cap. LXVII, no
2.) - Sensus non cognoscit incorporalia, nec se ipsum, nec
suam operationem; visus enim non videt se ipsum, nect videt se
videre. (Ibid. no. 3-4.)
Ce petit nombre de citations suffit, je pense, pour justifier
les assertions de l'interlocuteur au sujet de S. Thomas. On peut
y lire en passant la condamnation de Condillac, si ridicule avec
ses sensations transformées, si obstinément
brouillé avec la vérité, que lorsqu'il la
rencontre par hasard, il s'écrie: Ce n'est pas elle.
(Note de l'Éditeur.)
Quoique l'esprit général du passage indiqué
soit rendu, il vaut la peine d'être cité en
original, vu surtout l'extrême rareté du livre dont
il est tiré.
Velim autem ut (unusquisque) ita per se sentiat quem
fructum non modo res litteraria, set etiam res christiana ex his
nostris lucubrationibus perceptura sit, ut nostra admonitione
non indigeat; et tametsi quid commodi imprimis religioni
attulerimus nondum cuique fortassis illico apparebit, tamen
veniet tempus quum non ita obscurum erit. Equidem singulare
caelestis Numinis beneficium esse arbitror quod omnes omnium
gentium linguae quae ante hos ducentos annos maxima ignorantia
tegebantur, aut patefactae sunt bonorum virorum industria aut
adhuc producuntur. Nam si destinationem aeternae majestatis et
in futurum tempus consilia divinae mentis ratio investigare non
potest, tamen exstant jam multa Providentiae istius argumenta ex
quibus majus aliquid agitari sentiamus, quod votis expetere pium
sanctumque est: pro virili autem manus praebere, et vel minimam
materiam comportare unice gloriosum. (Theoph. Sigib. Bayeri,
Museum sinicum; in-8o, Petropoli, 1750, tom. II, praef., pag.
143-144.)
- Retour au deuxième
entretien.
- Sommaire des Soirées de
Saint-Pétersbourg, par le comte Joseph de Maistre.
Denis Constales - dcons@world.std.com
- http://world.std.com/~dcons/