Notes du deuxième entretien.

Note I.

Le mérite du style ne doit pas être accordé à Rousseau sans restriction. Il faut remarquer qu'il écrit très mal la langue philosophique; qu'il ne définit rien; qu'il emploie mal les termes abstraits; qu'il les prend tantôt dans un sens poétique, et tantôt dans le sens des conversations. Quant à son mérite intrinsèque, La Harpe a dit le mot: Tout, jusqu'à la vérité, trompe dans ses écrits.

Note II.

Ubicunque videris orationem corruptam placere, ibi mores quoque à recto descivisse non est dubium. (Senec., Epist. mor. CXIV.) On peut retourner cette pensée et dire avec autant de vérité: ubicunque mores à recto descivisse videris, ibi quoque orationem corruptam placere non est dubium. Le siècle qui vient de finir a donné en France une grande et triste preuve de cette vérité. Cependant de très bons esprits ont vu le mal et ont défendu la langue de toutes leurs forces: on ne sait encore ce qui arrivera. Le style réfugié, comme on le nomma jadis, tenait à la même théorie. Par un de ces faux aperçus qui ne cessent de s'introduire dans le domaine de la science, on a attribué ce style au contact des nations étrangères; et voilà comment l'esprit humain perd son temps à se jouer sur des surfaces trompeuses où il s'amuse même à se mirer sottement, au lieu de les briser pour arriver à la vérité. Jamais le protestantisme français persécuté, affranchi ou protégé, n'a produit ni ne produira en français aucun monument capable d'honorer la langue et la nation. Rien dans ce moment ne l'empêche de me démentir. Macte animo!

Note III.

En général, ce citations sont justes. On peut les vérifier dans l'ouvrage de Timée de Locres, imprimé avec les oeuvres de Platon. (Édit. Bip., tom. X, p. 26. Voyez encore le Timée de Platon, ibid., p. 426, et le Critias, ibid., 65-66.) J'observe seulement que dans le Critias, Platon ne dit pas le don inestimable, mais les plus belles choses parmi les plus précieuses: ##Ta kallista apo toon timootatoon apolluntes. (Ibid., in fin.) L'abbé Le Batteux, dans sa traduction de Timée de Locres, et l'abbé de Feller (Dict. hist., art. Timée, et Catéch. philos. tom. III, no 465) font parler ce philosophe d'une manière plus explicite; mais comme la seconde partie du passage cité est obscure, et que Marcile Ficin me paraît avoir purement conjecturé, j'imite la réserve de l'interlocuteur qui s'en est tenu à ce qu'il y a de certain.

Note IV.

Toutes ces idées se rencontrent en effet dans le Phèdre de Platon. (Opp., tom. X, p. 286 et 341.) Ce dialogue singulier ressemble beaucoup à l'homme. Les vérités les plus respectables y sont fort mal accompagnées; et Typhon s'y montre trop à côté d'Osiris.

Note V.

Newton, qui peut être appelé à juste titre, pour me servir d'une expression du Dante, MASTRO DI COLOR CHE SANNO, a décidé qu'il n'est pas permis en philosophie d'admettre le plus lorsque le moins suffit à l'explication des phénomènes, et qu'ainsi un couple suffisant pour expliquer la population de l'univers, on n'a pas le droit d'en supposer plusieurs. Linnée, qui n'a point d'égaux dans la science qu'il a cultivée, regarde de même comme un axiome: que tout être vivant ayant un sexe, vient d'un couple créé par Dieu dans l'origine des choses; et le chevalier W. Jones, qui avait tant médité sur les langues et sur les différentes familles humaines, déclare embrasser cette doctrine sans balancer. (Asiat. Research. in-4o, tom. III, pag. 480.) Voltaire, fondé sur sa misérable raison de la diversité des espèces, a soutenu chaudement l'opinion contraire, et il serait excusable (n'était la mauvaise intention), vu qu'il parlait de ce qu'il n'entendait pas. Mais que dire d'un physiologiste cité plus haut (p. 64, note VI), lequel, après avoir reconnu expressément la toute-puissance du principe intérieur, dans l'économie animale, et son action altérante lorsqu'il est lui-même vicié de quelque manière, n'adopte pas moins le raisonnement grossier de Voltaire, et s'appuie de la stature d'un Patagon, de la laine d'un Nègre, du nez d'un Cosaque, etc., pour nous dire gravement que, suivant l'opinion la plus vraisemblable, LA NATURE (qu'est-ce donc que cette femme?) a été déterminée par des lois primordiales dont les causes sont inconnues, À CRÉER diverses races d'hommes.

Voilà comment un homme, d'ailleurs très habile, peut se trouver enfin conduit par le fanatisme anti-mosaïque de son siècle à ignorer ce qu'il sait et à nier ce qu'il affirme.

Note VI.

Antiquitas proxime accedit ad deos. (Cicero, de Leg. II, 11.) Non tamen negaverim fuisse primos homines alti spiritus viros; et, ut ita dicam, A DIIS RECENTES: neque enim dubium est quin meliora mundus nondum effatus ediderit. (Sen. Epist. XC.) Origène disait très sensément à Celse: « Le monde ayant été créé par la Providence, il faut nécessairement que le genre humain ait été mis, dans les commencements, sous la tutelle de certains êtres supérieurs, et qu'alors Dieu déjà se soit manifesté aux hommes. C'est aussi ce que l'Écriture sainte atteste, etc. (Gen. XVIII), et il convient en effet que, dans l'enfance du monde, l'espèce humaine reçût des secours extraordinaires, jusqu'à ce que l'invention des arts l'eût mise en état de se défendre elle-même et de n'avoir plus besoin de l'intervention divine, etc. » Origène appelle à lui la poésie profane comme une alliée de la raison et de la révélation; il cite Hésiode dont le passage très connu est fort bien paraphrasé par Milton. (Par. lost. IX, 2, etc.) Voy. Orig. contra Cels. IV, cap 28. Opp. Edit. Rucci, tom I, pag. 199, 562.

Note VII.

Veneris stellae Pythagoras deprehendit Olympiad. XLII quae fuit annus urbis CXLII. Plin. hist. nat., lib. II, cap. 8, tom. I, pag. 150. Edit Hard. in-4o. Macrob. Saturn., l. XII. - Maurice's history of Indostan, in-4o, tom. I, pag. 167.

Note VIII.

##Eita su dedias, k. t. l. Sept. Sap. conv. Edit. Steph. in-fol., tom. II, pag. 149. Amyot a traduit: « Les Égyptiens disent que les astres, en faisant leurs révolutions ordinaires, sont une fois haut et puis une fois bas, et, selon leur hauteur et leur bassesse, deviennent pire ou meilleurs qu'ils n'étaient, etc. » (Banq. des sept sages, c. XI.)

Note IX.

C'est dans le Ve discours qu'il emploie cette expression remarquable; et il en fait honneur en effet aux Chaldéens. Il est vrai que Pétau, à la marge de son édition (in-4o, pag. 323), cite un manuscrit qui porte ##epaktina theon, au lieu de ##eptaktina; mais la première leçon est évidemment l'ouvrage d'un copiste qui, ne comprenant rien à ces sept rayons, dut s'applaudir beaucoup d'avoir imaginé cette correction. Elle prouve seulement combien il faut se garder de corriger les manuscrits sans pouvoir s'appuyer d'une autre autorité écrite.

Note X.

Ce n'est pas précisément cela. La fable indienne ne dit point que ces vierges fussent au nombre de sept, mais dans le monument qui représente la fable, et dont on a envoyé une copie en Europe, on voit en effet sept jeunes filles (Maurice's hist. of Ind., tom. I, pag. 108), ce qui semble néanmoins revenir au même, d'autant plus que les brahmes soutiennent expressément que le soleil a sept rayons primitifs. (Sir William Jones's works, supplem. in-4o, tom. II, pag. 116.)

(Note de l'éditeur.)

Pindare a dit (Olymp. VII, 13 - 135. Edit. Heinii. Gotting., 1798, in-8o, tom. I, pag. 98) « qu'après que les dieux se furent divisé la terre, et que le soleil, oublié dans le partage, eut retenu pour lui l'île de Rhodes qui venait de sortir du sein de la mer, il eut de la nymphe qui donna son nom à l'île sept fils d'un esprit merveilleux; » et l'on peut voir de plus dans le grand ouvrage de P. de Montfaucon, que toutes les figures qui représentent Apollon ou le Soleil ont la tête ornée de sept rayons lumineux ou d'un diadème à sept pointes, ce qui revient encore au même. D'une manière ou d'une autre, on voit constamment le nombre sept attaché au Soleil, et ceci m'a toujours paru remarquable. (Antiq. expt. Paris, 1722, in-fol., tom. III, chap. VI, pag. 119 et suiv.)

Note XI.

On peut voir sur ce point les nombreux témoignages de l'antiquité recueillis dans la belle préface que Copernic a placée à la tête de son fameux livre De Orb. cael. Revol., dédié au pape Paul III, grand protecteur des sciences et surtout de l'astronomie. On peut observer, à propos de ce livre, que les souverains Pontifes ont puissamment favorisé la découverte du véritable système du monde par la protection qu'ils accordèrent, à différentes époques, aux défenseurs de ce système. Il est devenu tout à fait inutile de parler de l'aventure de Galilée, dont les torts ne sont plus ignorés que de l'ignorance. (Voy. les Mém. lus à l'acad. de Mantoue, par l'abbé Tiraboschi, Storia delle letterat. Ital., Venezia, 1796, in-8o, tom. 8, pag. 313. et seg.)

Note XII.

Sénèque a dit: Philosophi credula gens. (Quaest. nat. V, 26.) Eh! comment ne seraient-ils pas crédules, ceux qui croient tout ce qu'ils veulent? Les exemples ne manquent pas. Ceux-ci sont remarquables. Ne les avons-nous pas vu, pendant plus d'un demi-siècle, nous démontrer l'impossibilité physique du déluge par le défaut d'eau nécessaire à la grande submersion? Mais du moment que, pour former les montagnes par voie de précipitation, il leur a fallu plus d'eau que n'en suppose le déluge, ils n'ont pas hésité d'en couvrir le globe jusqu'au-dessus des Cordillères. Dites que les blocs gigantesques qui forment certains monuments du Pérou pourraient bien être des pierres factices, vous trouverez sur-le-champ un de ces messieurs, qui vous dira: Je ne vois rien là que de très probable. (Lettres améric., tom. I, lettre VI, pag. 93; note du traducteur. ) Montrez-leur la pierre de Sibérie, qui est à l'académie de Saint-Pétersbourg, et qui pèse 2.000. C'est un aérolithe, diront-ils; elle est tombée des nues et s'est formée en un clin d'oeil. Mais s'agit-il des couches terrestres, c'est autre chose. Un Péruvien peut fort bien faire du granit impromptu, comme il s'en forme en l'air très souvent; mais, pour la roche calcaire, Dieu ne s'en tirera pas en moins de soixante mille ans; il faut qu'on passe par là.

Note XIII.

Bailli avait démontré que les fameuses tables de Trivalore remontaient à l'époque si célèbre dans l'Inde du Cali-Yug, c'est-à-dire à deux mille ans au moins avant notre ère. Mais ne voilà-t-il pas que ces tables se sont trouvées écrites, et même par bonheur datées vers la fin du XIIIe siècle! (De l'antiquité du Surya-Sidhanta, par M. Bentley, dans les Rech. asiat., in-4o, tom. VI, pag. 538.) Quel malheur pour la science, si les Français avaient dominé dans l'Inde pendant la fièvre irréligieuse qui a travaillé ce grand peuple, et qui ne paraît encore affaiblie que parce qu'elle a affaibli le malade! Ces détestables lettrés du dernier siècle se seraient coalisés avec les brahmes pour étouffer la vérité, et l'on ne sait plus deviner comment elle se serait fait jour. L'Europe doit des actions de grâce à la société anglaise de Calcutta, dont les honorables travaux ont brisé cette arme dans les mains des malintentionnés.

Note XIV.

L'ouvrage célèbre de M. Bryant, A new System, or an Analysis of ancient mythology, etc. London 1776, in-4o, 3 vol., peut être considéré comme un savant commentaire de cette proposition. Un livre de ce genre contient nécessairement une partie hypothétique; mais l'ensemble de l'ouvrage, et le IIIe volume surtout, me semblent présenter une véritable démonstration de la science primitive, et même des puissants moyens physiques qui furent mis à la disposition des premiers hommes, puisque leurs ouvrages matériels passent les forces humaines, qualia nunc hominum pruducit corpora tellus. Caylus a défié l'Europe entière avec toute sa mécanique de construire une pyramide d'Égypte. (Rech. d'antiq., etc. in-4o, tom. V, préf.)

Note XV.

Il l'a dit en effet dans l'Essai sur les moeurs, etc., aurea prima sata est aetas. (Chap. IV. OEuvr. de Volt., in-8o, 1785, tom. XVI, p. 289.) - Il est bien remarquable que les mêmes traditions se sont retrouvées en Amérique. Le règne de Quetzalcoatl était l'âge d'or des peuples d'Anahnac: alors tous les animaux, les hommes mêmes vivaient en paix; la terre produisait sans cultures ses plus riches moissons... Mais ce règne... et le bonheur du monde ne furent pas de longue durée, etc. (Vues des Cordillères et monum. de l'Amérique, par M. de Humboldt, tom. I, in-8o, Planche VII, p. 3.)

Note XVI.

Voy. Eustathe sur le v. 16e du Ier livre de l'Iliade. Au reste, sans prétendre contester l'observation générale, qu'il se trouve dans les langues anciennes, aux époques d'une barbarie plus ou moins profonde, des mots qui supposent des connaissances étrangères à cette époque, j'avoue cependant que le mot de COSMOS ne me semble pas cité heureusement à l'appui de cette proposition, puisqu'il est évidemment nouveau dans le sens de monde. Homère ne l'emploie jamais que dans son acception primitive d'ordre, de décence, d'ornement, etc. Iliade, II, 214; V, 759; VIII, 12; X, 472; XI, 48; XII, 40; XXIV, 622, etc. Odyss. VIII, 179, 364, 489, 492; XIV, 363; etc. Hésiode ne fait presque pas usage de ce mot (même dans le sens d'ornement) ni d'aucun de ses dérivés si nombreux et si élégants. Ce qui est fort singulier, on trouve une seule fois COSMOS dans la Théogonie, V, 588, et COSMEO, ibid. V, 572. Pindare emploie presque toujours ce mot de COSMOS dans le sens d'ornement, quelquefois dans celui de convenance, jamais dans celui de monde. Euripide du même ne s'en sert jamais dans ce dernier sens, ce qui doit paraître très surprenant. On le trouve à la vérité selon ce même sens dans les hymnes attribués à Orphée. (À la Terre, V, 4; au Soleil, V, 16, etc.) Mais ce n'est qu'une preuve de plus que ces hymnes ont été fabriqués ou interpolés à une époque très postérieure à celle qu'on leur attribue.

Note XVII.

Salluste, qui aimait les archaïsmes, a dit: Itaque Senatus, ob ea feliciter acta, diis immortalibus SUPPLICIA decernere. (De bello Jugurt., L. V.) Et près d'un siècle plus tard, Apulée, singeant ce même goût, disait encore: Plena aromatis et SUPPLICIIS. (Métam. XI.) D'ailleurs supplicatio, supplicari, etc., etc., viennent de ce mot, et la même analogie a lieu dans notre langue, où l'on trouve supplice et supplication, supplier et supplicier.

Note XVIII.

Il ne paraît pas en effet qu'il y ait le moindre doute sur l'étymologie de febris, qui appartient évidemment à l'ancien mot februare. De là Februarius, le mois des expiations.

Au rang de ces mots singuliers, je place celui de Rhumb, qui appartient depuis longtemps à plusieurs langues maritimes de l'Europe. Rhumbos en grec signifiant en général la rotation, et rhumbon une circonvolution en spirale, ne pourrait-on pas, sans être un Mathanasius, voir dans ce mot de rhumb une connaissance ancienne de la loxodromie?

Note XIX.

On peut observer, à propos de cette expression, qu'elle ne se rencontre jamais dans l'Odyssée; et cette observation pourrait être jointe à celles qui permettraient de conjecturer que les deux poèmes de l'Iliade et de l'Odyssée ne sont pas de la même main; car l'auteur de l'Iliade est très constant sur les noms, les surnoms, les épithètes, les tournures, etc.

Note XX.

Il dit en effet que tout homme intelligent doit de grandes louanges à l'antiquité pour le grand nombre de mots heureux et naturels qu'elle a imposés aux choses: ##Oos eu kai kata fusin keimena, De Leg. VII. Opp. tom. VIII, pag. 379.

Sénèque admire de même ce talent de l'antiquité pour désigner les objets efficacissimis notis. (Sen. Epist. mor. LXXXI.) Lui-même est admirable dans cette expression qui est tout à fait efficace pour nous faire comprendre ce qu'il veut dire.

Platon ne s'en tient pas à reconnaître ce talent de l'antiquité, il en tire l'incontestable conséquence: Pour moi, dit-il, je regarde comme une vérité évidente que les mots n'ont pu être imposés primitivement aux choses que par une puissance au-dessus de l'homme: ET DE LA VIENT QU'ILS SONT SI JUSTES. - ##Oimas men egoo ton alethestaton logon peri toutoon einameizoo tina dunamin einai è anthroopeian tèn themenèn ta proota ta onomata tois pragmasin, OOSTE ANAGKAION EINAI AYTA ORTHOOS EXIEN. Plat. in Crat. Opp., tom. II Edit. Bip., pag. 343.

Note XXI.

Charron a dit encore: Celui que je veux DUIRE et instruire à la sagesse, etc. (De la sagesse, liv. II, chap. V, no 13.) Ce mot naquit à une époque de notre langue où le sens de ces deux mots duo et ire était généralement connu. Lorsque l'idée de la simultanéité s'effaça des esprits, l'action onomaturge y joignit la particule destinée en français à exprimer cette idée, c'est-à-dire le CUM des Latins, et l'on dit conduire. Quand nous disons aujourd'hui en style familier: Cela ne me DUIT pas, le sens primitif subsiste toujours; car c'est comme si nous disions: Cela ne peut aller avec moi; m'accompagner, subsister à côté de moi, et c'est encore dans un sens tout semblable que nous disons: Cela ne vous VA pas.

Note XXII.

Roubaud, cité dans un discours préliminaire du nouveau dictionnaire des synonymes français, voit dans sortir HORS et IRE. Il n'a pas compris ce mot parce qu'il avait négligé les consonnes, auxquelles le véritable étymologiste doit faire une attention presque exclusive. Les voyelles représentent les tuyaux d'un orgue: c'est la puissance animale qui ne peut que crier; mais les consonnes sont les touches, c'est-à-dire le signe de l'intelligence qui articule le cri.

Note XXIII.

Je disais en mon COURAGE: Si le roi s'en allait, etc. (Joinville, dans la collect. des mémoires, etc., tom. I.) Cette phrase est tout à fait grecque: ##Egoo de en too OYMOO mou elegon, etc.

Au milieu du XVIe siècle, ce mot de COURAGE retenait encore sa signification primitive. Le vouloir de Dieu tout-puissant lui changea le courage. (Voy. Le sauf-conduit donné par le souldan au sujet du roi très chrétien, à la fin du livre intitulé: Promptuaire des Conciles, etc. Lyon, de Tournes, 1546, in-16, pag. 208.) Cor, au reste, a fait coeur, en vertu de la même analogie qui de bos a fait boeuf, de flos fleur, de cos, queux, de votum, voeu, de ovum, oeuf, de nodus, noeud, etc.

Note XXIV.

De là le mot TESTis en latin: celui de TÉmoin (anciennement TESmoing) dans notre langue, TEST en anglais, serment du Test, etc.

Note XXV.

CAPut hABILE, CAPABLE: tête puissante qui possède une grande capacité. La première racine s'étant effacée, nous avons attribué à ce mot capable le sens unique du second, habile. Les Anglais ont conservé celle-ci pure et simple; an ABLE man (un homme capable).

Note XXVI.

Quare a fait car, comme quasi a fait casi; quartus, cart; querela, kerelle; quicunque, kiconque; quamquam, cancan (celui-ci est célèbre), et tant d'autres qui ont conservé ou rejeté l'orthographe latine. Car l'a conservée assez longtemps: car on lit dans une ordonnance de Philippe-le-Long, du 28 octobre 1318: QUAR se nous souffrions, etc.; Mémoires du sire de Joinville, dans la Collect. générale des mém., in-8o, préf. pag. 88; et dans le commencement du XVIe siècle, un poète disait encore:
    QUAR mon mari est, je vos di
    Bon mire, je le vos affi.
(Vers cités dans l'avertiss. de Lebret, sur le Médecin malgré lui, de Molière.)

Note XXVII.

L'expression numérique UN, convertie en pronom indéfini pour exprimer l'unité vague d'un genre quelconque, est si nécessaire, ou si naturelle, que les Latins l'employèrent quelquefois presque sans s'en apercevoir contre le génie et les règles les plus certaines de la langue. On a cité souvent le passage de Térence, forte UNAM vidi adolescentulam. On pourrait en citer d'autres. Corn. Nep. in Annib., XII Cic. de Nat. deorum, II, 7; Ad Fam. XV, 16. Phil. II, 3; Tac. Ann. II, 30, etc. Ce pronom indéfini étant un des éléments primordiaux de la langue française, nos pères, employant une ellipse très naturelle et très commode, le séparèrent du substantif homme, tenu pour répété toutes les fois qu'il s'agissait d'exprimer ce que l'homme abstrait avait dit ou fait; et ils dirent UN a dit, c'est UN qui passe, comme on le dit de nos jours dans quelques dialectes voisins de la France. La Fontaine a dit encore:
    Vous rappelez en moi la souvenance
    D'UN qui s'est vu mon unique souci.

Mais bientôt UN se changea en ON par l'analogie générale qui a changé l'U initial latin en O francais, onde, ombre, once, onction, onguent, etc., au lieu de unda, umbra, etc. Cette analogie est si forte, qu'elle nous fait souvent prononcer l'O dans les mots mêmes où l'orthographe a retenu l'U; comme dans nuncupatif, fungus, duumvir, triumvir, nundinal, etc., que nous prononçons noncupatif, fongus, etc. De là vient encore la prononciation latine des Français qui amuse si fort les Italiens, bonom, maiom, Dominus vobiscom, etc. Je me range donc volontiers à l'avis de l'interlocuteur sur l'origine de nos particules CAR et ON. Les gens de Port-Royal ont prétendu cependant que notre car vient du grec GAR, et que ON vient de HOMME; mais il me paraît certain que, dans ces deux cas, la grâce de l'étymologie avait manqué à ces messieurs: Dieu est le maître. (Voy. la Gramm. gén., chap. XIX.)

Note XXVIII.

Qui ne serait frappé de l'analogie parfaite de ce mot souproug avec le conjux des Latins; analogie purement intellectuelle, puisqu'elle n'a rien de commun avec les sons? Ce mot de conjux, au reste, est une syncope de CONJUGATUS, le G et l'S étant cachés dans l'X.

La fraternité du latin et de l'esclavon, laquelle suppose absolument une origine commune, est une chose connue. On connaît moins celle de l'esclavon avec le sanscrit, dont je m'aperçus pour la première fois en lisant la dissertation du P. Paulin de Saint-Barthélemi. De latini sermonis origine et cum orientalibus linguis connexione. Romae, 1802, in-4o.

Je recommande surtout à l'attention des philologues les noms de nombre qui sont capitaux dans ces sortes de recherches.

Note XXIX.

Je sais que le recueil indiqué existait; mais je ne sais s'il existe encore, et dans ce cas même j'aurais aujourd'hui peu d'espoir de l'obtenir. Je tâcherai d'y suppléer jusqu'à un certain point par quelques exemples remarquables que j'ai notés moi-même.

##Anakephalaioosis, récapitulation. Sugkatabasis, condescendance. Diasurmos, persiflage. Diasurein, persifler. Eparizerotès, gaucherie. Dèmon andra, homme du peuple. (Homère, Il., II, 198.) Makra philè, grande amie. (Théocr. II, 42.) Kalamas aulon, flûte de canne. (Id. ibid.) Eortèn poiein, faire une fête. Orthoosa umnon (Pind., Olymp. III, 5), dresser un contrat, un plan etc. Murian kharin, mille grâces. (Eurip. Alc., 554.) Ep' amphoo katheudein, dormir sur les deux oreilles. Ophra IDHS Manelaon (Hom., Il., IV, 205), voir un malade (en parlant d'un médecin). Aimatos eis agatoio (Id. Odyss., IV, 611), vous êtes d'un bon sang. Oikias megalès èn (Plat. in Men. Edit. Bip. Rom., pag. 378), il était d'une grande maison. Oatton è badèn (Xén., hist. Graec., V, 4, 53), plus vite que le pas. Hn autois eidenai (Démost., De falsa lege, 20), c'était à eux de savoir. Poi sou poda kukleis (Eurip., Orest., 631), où tournez-vous vos pas, etc., etc., etc.

De misère et de malheur nous avons tiré misérable et malheureux, qui appartiennent également à la misère et au vice, l'une ne conduisant que trop souvent à l'autre: les Grecs avaient procédé de même sor leurs deux mots ##Ponos et ##Mokhthos.

Mais toutes les analogies disparaissent devant celle de ##nostimos et de revenant. Comme il n'y a rien de si doux que le retour d'une personne chérie longtemps séparée de nous, et réciproquement, rien de si doux pour le revenant, pour le guerrier surtout que ce jour fortuné qui le rend sain et sauf à sa patrie et à sa famille (##Nostimon èmar), les Grecs exprimèrent par le même mot le plaisir et le revenir. Or, les Français ont suivi la même idée précisément. Ils ont dit homme avenant, femme avenante; figure, physionomie revenante. Cet homme me REVIENT: c'est-à-dire, il m'est agréable comme un ami qui me reviendrait.

Je ne vois rien d'aussi surprenant.

Note XXX.

Tels sont, par exemple, les mots ##Eumaria. Nooi aphrodisioo. Théocrite, id. VI, 26. Eusth. ad Il., I, 113.

##Ta moria, ektemnein (ippon) Dromas, etc., etc.

Il est bien essentiel d'observer, et sur ces mots et sur les précédents, que ces merveilleuses coïncidences d'idées ne nous sont point parvenues par des intermédiaires latins, lors même que nous avons pris d'eux les mots qui représentent ces idées. Nous avons reçu des Latins, par exemple, le mot advenant (adveniens); mais jamais les Latins n'ont employé ce mot pour exprimer ce qui est agréable. Pour ce mot, comme pour tant d'autres, il n'y a entre nous et les Grecs aucun lien, aucune communication visible. Quel sujet de méditations his quibus datum est?

Note XXXI.

Ce serment qui passe pour le plus ancien monument de notre langue, a été souvent imprimé; il se trouve à la tête de l'un des volumes du monde primitif de Court de Gebelin; dans le dictionnaire roman, wallon, celtique et tudesque, etc. in-8o, 1777; dans le journal historique et littéraire, juillet, 1777, p. 324, etc. La pleine maturité de cette même langue est fixée avec raison au Menteur de Corneille, et aux Lettres provinciales. Ce dernier ouvrage est grammaticalement irréprochable: on n'y rencontre pas l'ombre de ces sortes de scories qu'on voit encore flotter sur les meilleures pièces de Corneille.

Note XXXII.

HHAIM-DABER. C'est l'homme articulateur d'Homère. Le grave Voltaire nous dit: « L'homme a toujours été ce qu'il est. Cela ne veut pas dire qu'il ait toujours eu de belles villes, du canon de vingt-quatre livres de balles, des opéra-comiques et des convents de religieuses (Tacite en personne!). Mais... le fondement de la société existant toujours, il y a donc toujours eu quelque société... Ne voyons-nous pas que tous les animaux, ainsi que tous les autres êtres exécutent invariablement la loi que la nature leur a donnée? L'oiseau fait son nid comme les astres fournissent leur course par un principe qui ne changea jamais. Comment l'homme aurait-il changé? etc. etc. » Mais à la page suivante il n'en recherche pas moins par quelle loi, par quels liens secrets, par quel instinct l'homme aura TOUJOURS vécu en famille, sans avoir encore formé un langage. (Introduct. à l'Essai sur l'Hist. univ., in-8o, 1785. OEuvre. Tom. VI. p. 31, 32 et 33.)
    Romani tollant equites peditesque cachinnum.

Note XXXIII.

Et même encore ils n'usent de ce droit que très sobrement et avec une timidité marquée. Je voudrais qu'il me fût permis d'employer le terme DÉMAGOGUE. (Bossuet, Hist. des Var. V, 18.) SAGACITÉ, si j'ose employer ce terme. (Bourdaloue, serm. sur la parf. observ. de la loi, IIe partie.) Esprit LUMINEUX, comme disent nos amis (de Port-Royal). Madame de Sévigné, 27 septembre 1671. - L'ÉCLAT des pensées. (Nicole, cité par la même, 4 novembre même année.) Elle souligne BAVARDAGE, 11 décembre 1695, et AIMABILITÉ (preuve qu'amabilité n'existait pas). 7 octobre 1676. - RIVALITÉ, mot inventé par Molière. (Comment. de Lebret sur le Dépit amoureux, act. I. scène IV.) EFFERVESCENCE: Comment dites-vous cela, ma fille? voilà un mot dont je n'avais jamais ouï parler. (Madame de Sévigné, 2 août 1689. Elle y revient ailleurs.) - OBSCÉNITÉ: Comment dites-vous cela, madame? (Molière, Crit. de l'École des femmes.)

En général les grands écrivains craignent le néologisme; un sentiment secret les avertit qu'il n'est pas permis d'entreligner l'écriture de nos supérieurs.

Note XXXIV.

Il est bien remarquable que pendant qu'une langue varie en s'approchant graduellement du point de perfection qui lui appartient, les caractères qui la peignent varient dans la même proportion, et ne se fixent enfin que lorsqu'elle se fixe elle-même. Partout où les vrais principes de la langue seront altérés, on apercevra de même une certaine altération dans l'écriture. Tout cela vient de ce que chaque nation écrit sa parole. Il y a une grande exception au fond de l'Asie, où le Chinois semble au contraire parler son écriture; mais là je ne doute pas que la moindre altération dans le système de l'écriture ne produisît subitement une autre dans le langage. Ces considérations achèvent d'effacer jusqu'à la moindre idée de raisonnement antérieur ou d'arbitraire dans les langues. Après avoir vu la vérité, on la touche. Au reste, puisqu'il s'agit d'écrire, je tiens pour le sentiment de Pline, quoi qu'en disent Bryant et d'autres: apparet aeternum litterarum usum. (Hist. nat. VII, 57.)

Note XXXV.

Gallien ne semble laisser aucun doute sur ce sujet. « Hippocrate, dit-il, admettait deux sources de nos connaissances: le principe sensible et l'intelligence. Il croyait que, par la première puissance, nous connaissons les choses sensibles, et par la seconde les choses spirituelles. (In lib. de offic. Med., l. IV.) Le premier d'entre les Grecs, dont nous ayons connaissance, il reconnut que toute erreur et tout désordre partent de la matière, mais que toute idée d'ordre, de beauté et d'artifice nous vient d'en haut. » (Id., De dieb. decret.) De là vient « que Platon fut le plus grand partisan d'Hippocrate, et qu'il emprunta de lui ses dogmes principaux. » (##Zèlootès oon Ippokratous Platoon EIPER TIS ALLOS, kai ta megista toon dogmatoon par' ekeinou elabe. Id. De usu part., l. VIII.) Ces textes se trouvent cités à la fin des bonnes éditions d'Hippocrate, inter testimonia veterum. Le lecteur qui serait tenté de les vérifier dans celle de Van der Linden (in-8o; tom. II, pag. 1017) doit observer sur le premier texte, dont je ne donne que la substance, que le traducteur latin Vidus, Vidius, s'est trompé en faisant parler Hippocrate lui-même, au lieu de Gallien qui prend la parole. - ##As iste kame dia pantos, k.t.l. Ibid.

Note XXXVI.

Cet axiome décisif en faveur des idées innées se trouve en effet dans la Métaphysique d'Aristote. ##Pasa mathèsis dia progignoskomenoon... esti. Lib I., cap. VII. - Ailleurs il répète, que toute doctrine et toute science rationnelle est fondée sur une connaissance antécédente... que le syllogisme et l'induction n'appuient leur marche que sur ces sortes de connaissances; partant toujours de principes posés comme connus. (Analyt. poster., lib. I, cap I, De demonstr.)

Note XXXVII.

Je trouve au liv. XII, chap IX de la Métaphysique d'Aristote quelques idées qui se rapportent infiniment à ce que dit ici l'interlocuteur. « Comme il n'y a rien, dit-il, au-dessus de la pensée, si elle n'était pas substance, mais acte simple, il s'ensuivrait que l'acte aurait la supériorité d'excellence ou de perfection - ##to eu to semnon - sur le principe même qui le produit, ce qui est révoltant. - ##OOste pheukteon touto. - On s'accoutume trop à envisager la pensée en tant qu'elle s'applique aux objets extérieurs, comme science, ou sensation, ou opinion, ou connaissance; tandis que l'appréhension de l'intelligence qui se comprend elle-même, paraît une espèce de hors-d'oeuvre. ##Aootès de (è noèsis) en parergoo.. - Cette connaissance de l'esprit est cependant lui; l'intelligence ne pouvant être qu'intelligence de l'intelligence - ##kai estin è noèsis noèseoos noèsis. - Le comprenant et le compris ne sont qu'un. - ##oukh' eteron oioo ontos tou nooumenon kai tou nou, etc. » Je ne serais pas éloigné de croire que ce chapitre de la Métaphysique d'Aristote se présentait au moins d'une manière vague à l'esprit de l'interlocuteur, lorsqu'il réfutait le préjugé vulgaire qui range si injustement Aristote parmi les défenseurs d'un système non moins faux que vil et dangereux. (Note de l'Éditeur.)

Note XXXVIII.

Je trouve en effet cette définition dans saint Thomas, sous une forme un peu moins laconique. Veritas intellectus est adaequatio intellectus rei secundam quod intellectus dicit esse quod est, vel non esse quod non est. (Adv. gent. Lib. I, cap. XLIX, no 1.) - Illud quod intellectus intelligendo dicit et cognescit (car il ne peut connaître et juger sans DIRE) oportet esse rei aequatum, scilicet ut ita in re sit, sicut intellectus dicit. (Ibid.)

Note XXXIX.

Illud verum est de eo quod intellectus dicit, non operatione qua id dicit. (Ibid.)

Note XL.

Intellectus possibilis (sive activus) est aliqua pars hominis, et est dignissimum et formalissimum in ipso. Ergo ab eo speciem sortitur, si non ab intellectu passivo. - Intellectus possibilis probatur non esse actus corporis alicujus, propter hoc quod est cognoscitivus omnium formarum sensibilium in universali. Nulla igitur virtus cujus operatio se extendere potest ad universalia omnia formarum sensibilium, potest esse actus alicujus corporis. (S. Thom., ibid., lib II, cap. LX, no 3-4.) Scientia non est in intellectu passivo, sed in intellectu possibili. (Ibid. no. 8.) - Intellectus possibilis... perficitur per species intelligibiles a phantasmatibus abstractas. (Ibid., no 15.) - Sensus non est cognoscitivus nisi singularium... per species individuales receptas in organis corporalibus: intellectus autem est cognoscitivus universalium. (Ibid., lib. II, cap. LXVII, no 2.) - Sensus non cognoscit incorporalia, nec se ipsum, nec suam operationem; visus enim non videt se ipsum, nect videt se videre. (Ibid. no. 3-4.)

Ce petit nombre de citations suffit, je pense, pour justifier les assertions de l'interlocuteur au sujet de S. Thomas. On peut y lire en passant la condamnation de Condillac, si ridicule avec ses sensations transformées, si obstinément brouillé avec la vérité, que lorsqu'il la rencontre par hasard, il s'écrie: Ce n'est pas elle. (Note de l'Éditeur.)

Note XLI.

Quoique l'esprit général du passage indiqué soit rendu, il vaut la peine d'être cité en original, vu surtout l'extrême rareté du livre dont il est tiré.

Velim autem ut (unusquisque) ita per se sentiat quem fructum non modo res litteraria, set etiam res christiana ex his nostris lucubrationibus perceptura sit, ut nostra admonitione non indigeat; et tametsi quid commodi imprimis religioni attulerimus nondum cuique fortassis illico apparebit, tamen veniet tempus quum non ita obscurum erit. Equidem singulare caelestis Numinis beneficium esse arbitror quod omnes omnium gentium linguae quae ante hos ducentos annos maxima ignorantia tegebantur, aut patefactae sunt bonorum virorum industria aut adhuc producuntur. Nam si destinationem aeternae majestatis et in futurum tempus consilia divinae mentis ratio investigare non potest, tamen exstant jam multa Providentiae istius argumenta ex quibus majus aliquid agitari sentiamus, quod votis expetere pium sanctumque est: pro virili autem manus praebere, et vel minimam materiam comportare unice gloriosum. (Theoph. Sigib. Bayeri, Museum sinicum; in-8o, Petropoli, 1750, tom. II, praef., pag. 143-144.)



Denis Constales - dcons@world.std.com - http://world.std.com/~dcons/